Surdoué, personne à haut potentiel, zèbre, quelle est votre définition ?

Enfant ou adulte, le surdoué est quelqu’un qui possède des aptitudes qui le démarquent, une avance au niveau des capacités intellectuelles, artistiques ou sportives. S’il faut parler chiffre, c’est un QI (quotient intellectuel) supérieur à 130, 2 % de la population est concernée. On retrouve trois grandes entités chez ces personnes : intensité des émotions, rapidité et complexité de la pensée, une urgence à agir. Quand il investit quelque chose, le surdoué le fait avec passion.

Y a-t-il encore des idées reçues sur les surdoués ?

Oui, elles ont la vie dure et elles sont plus difficiles à accepter chez l’adulte : l’enfant est prometteur, l’adulte est jugé à sa réussite. Dans les faits, nombre d’adultes intelligents peuvent avoir quitté l’école tôt ou avoir eu du mal à trouver leur voie mais, par pudeur, ils ne se posent pas la question de leurs capacités intellectuelles, ils ont peur de paraître prétentieux.

Votre conférence traitera de la souffrance. Est-ce un passage obligé lorsqu’on est un surdoué ?

La souffrance existe tout au long de notre vie, il faut l’admettre, mais cette souffrance-là n’est pas une fatalité. Certains enfants suivent un parcours sans faute et réussissent. Ceux qui souffrent sont ceux qui s’arrêtent en chemin, qui vivent leur différence en négatif, qui échouent à s’intégrer et n’ont pas la qualité du lien avec l’autre. La souffrance peut être alors une alerte. Les patients que je reçois ne peuvent pas mettre de mots sur ce qu’ils vivent car la plupart sont des hauts potentiels qui s’ignorent. Mais les choses évoluent, de plus en plus d’enfants sont testés, de plus en plus d’adultes se reconnaissent.

N’existe-t-il pas un effet de mode, une envie de faire de son enfant un surdoué ?

Les parents doivent d’abord comprendre qui est leur enfant. Les parents se soucient surtout de l’intelligence cognitive (celle du QI) alors qu’on a aussi besoin d’une intelligence pratique et que l’intelligence émotionnelle est fondamentale. L’intelligence n’est pas une vertu, c’est ce qu’on en fait qui compte.

Est-il important de se faire tester ?

Tout dépend de ce qu’on va en faire après. Quand tout fonctionne bien, il n’y a forcément de raison de le faire. Mais il peut être important de mettre un mot sur une idée ou sur une différence. Quand on sait qu’on est quelqu’un qui comprend différemment, on va pouvoir surinvestir ses atouts. Il ne s’agit pas de faire comme si on passait un concours, si c’est juste narcissique, le soutien psychologique sera plus important que le chiffre du QI.

Source : ladepeche.fr – Propos recueillis par Emmanuelle Rey – Photo DDM