On les croit sûrs d’eux, forcément heureux, supérieurs… Pourtant la réalité des adultes surdoués est toute autre. En cause ? Une incompréhension et surtout, une méconnaissance de ces personnes différentes, hors normes. Le point, avec Monique de Kermadec, psychanalyste et spécialiste des surdoués, sur huit fausses croyances.

Etre surdoué, c’est avoir un QI supérieur à 130

La réponse de Monique de Kermadec : « En France, on considère effectivement qu’une personne est surdouée si elle a un QI supérieur à 130. Mais une danseuse étoile à l’opéra, un champion de natation ou encore un vendeur exceptionnel ont par exemple un talent qui les sort nettement de la norme. Est-ce que ces personnes ne méritent pas, elles aussi, d’être appelées surdouées ? La douance ne concerne pas que l’intelligence cognitive, mais aussi les intelligences relationnelles et émotionnelles. Une personne surdouée porte un regard spécial sur le monde. Elle possède une manière particulière de le décoder, d’entrer en relation avec lui. »

La douance disparaît avec l’âge

La réponse de Monique de Kermadec : « C’est faux. La douance ne diminue pas avec l’âge, pas plus qu’elle n’apparaitrait subitement à l’âge adulte. La précocité d’une personne est congénitale. Autre point fondamental : on en parle toujours comme de quelque chose de statique. Mais en réalité, la douance prend des formes et des tonalités différentes en fonction des âges de la vie. C’est un processus, quelque chose qui évolue. On ne va pas vivre de la même manière ses dons quand on a 10, 20, 40, ou 60 ans. »

 

Les personnes surdouées sont heureuses

La réponse de Monique de Kermadec : « En réalité, beaucoup souffrent de leur différence, mal vécue ou mal comprise par leur entourage, et se sentent marginalisées. Certaines sont victimes de discriminations. Et nombre d’entre elles éprouvent un manque de confiance en elles, sont en situation d’échec social, sentimental, ou professionnel, et ont du mal à s’intégrer dans la société ».

Les personnes surdouées se sentent supérieures

La réponse de Monique de Kermadec : « On croit souvent que les personnes surdouées ont une grande confiance en elles et se sentent supérieures aux autres. C’est totalement faux. Je n’ai jamais vu des personnes douter autant d’elles-mêmes : elles sont les premières à percevoir leurs limites et sont toujours à la recherche de mieux faire. Elles voient toujours ce qui manque, la faille. Leur perfectionnisme n’est d’ailleurs pas toujours supporté par leur entourage, qui les juge critiques, voire pessimistes. »

Les personnes surdouées sont admirées et se font facilement des amis

La réponse de Monique de Kermadec : « Certains surdoués sont admirés, mais je ne suis pas sûre que l’admiration aide nécessairement à se faire des amis. Elle suppose toujours une part d’envie, de jalousie. Par contre, il est vrai que les adultes surdoués issus de familles qui ont encouragé leurs intelligences émotionnelle et relationnelle savent se faire des amis, sont charismatiques, deviennent des leaders. Mais beaucoup d’autres ont du mal à entrer en relation avec les autres, avec le monde extérieur. »

Les personnes surdouées sont toujours motivées

La réponse de Monique de Kermadec : « Pour un sujet ou une cause qui leur tient à cœur, il n’y a pas plus motivé qu’elles. Ce sont des gens qui ont une incroyable capacité à se passionner : ils ne comptent plus leur force, leur énergie. Ils deviennent alors corvéables et disponibles à 100%. En revanche, si un sujet ne les intéresse pas, ils ont beaucoup de mal à s’y mettre. Leur motivation n’est pas universelle, mais ciblée. »

Les personnes surdouées savent résoudre tous leurs problèmes

La réponse de Monique de Kermadec : « Les surdoués ont une pensée rapide, des aptitudes de raisonnement, qui vont les amener à trouver rapidement une solution originale. Mais attention, ce n’est pas parce qu’on est intelligent, que l’on va pouvoir tout résoudre, y compris ses problèmes relationnels. »

Les personnes surdouées sont instables

La réponse de Monique de Kermadec : « Les surdoués sont parfois vues comme des personnes instables, touche-à-tout. En réalité, c’est qu’une fois qu’elles ont résolu un problème, elles ont envie d’en aborder un autre. Une fois qu’elles ont passé plusieurs mois sur un poste, l’appétit se perd par exemple. Et naît une envie d’autre chose. Elles ont un besoin de nouveauté. La répétition au quotidien est quelque chose qui leur est particulièrement difficile.

Source: psychologies.com